L'histoire du Camping

Le Bel Air de 1936 à aujourd'hui

Les 80 ans du Bel-Air

2016, le camping de Bel-Air fête ses 80 ans. En tant que témoin privilégié de la troisième génération et propriétaire responsable de ce site, je mesure l’évolution de ce lieu de vacances depuis sa création en 1936. C’est un événement que je souhaitais célébrer par la publication d’un livre, qui retrace une histoire du camping, celle d’une famille mais surtout l’histoire des campeurs qui ont fréquenté et fréquentent le terrain de manière régulière ou occasionnelle.

Au début, et ce, jusqu’aux années 60, les campeurs étaient libres de s’installer là où ils le souhaitaient, en contrepartie, il fallait payer une redevance insignifiante. J’ai retrouvé dans les livres de compte d’après-guerre, que, en 1947, la vente d’un sapin mort sur pied avait rapporté 250 francs et que toutes les redevances des campeurs de l’année s’étaient élevées à 3 610 francs, soit l’équivalent de quinze arbres morts sur pied.

Le réel développement du camping intervient à partir des années 60, quand mon père, Louis David, s’en est occupé. L’activité a suivi le développement des congés payés. Les gens attendaient parfois plusieurs nuits devant le camping avant qu’une place se libère. La queue devant l’entrée pouvait s’allonger jusqu’en bas au croisement de la route côtière, et pourtant, pas de piscine ni de terrain de sport. L’absence d’infrastructures était acceptée faute de connaître mieux. Cette normalité d’une époque générait une entraide qui rapprochait les gens, engendrant les meilleurs souvenirs. Les campeurs, bien souvent, revenaient chaque année, s’organisaient pour agrémenter leurs activités : repas pris en commun, soirées déguisées ou les inévitables parties de pétanque.

Aujourd’hui, le camping a changé et la société aussi : finie l’autogestion. Les vacanciers attendent une réponse aux besoins ludiques, de confort, de tranquillité, de sécurité, voire même de beau temps ! Il faut maintenant bien chercher pour retrouver les repères du camping d’autrefois, presque tout a changé. L’installation des mobil homes a aussi contribué à cette évolution. Certains sont passés de la tente à la caravane puis au mobile home, mais aussi une nouvelle clientèle est arrivée, n’ayant jamais fait de camping. Avec le mobile home, on est un peu plus chez soi, on a plus de confort, on a moins tendance à solliciter son voisin pour un service, il y a moins de contacts. Ceci étant, les anciens campeurs qui sont aujourd’hui en mobile home continuent à perpétuer cette convivialité. On ne se désintéresse pas comme ça de ses amis et il reste la pétanque qui réunit tous les jours, c’est « sacré ».

L’année 2016 marque un tournant très important dans notre activité, avec de nouveaux équipements: une deuxième piscine ludique extérieure de 200 m², chauffée avec enrochements, cascades, rivière à contre-courant, jeux d’eau pour enfants, bain bouillonnant ; avec la couverture de l’actuelle piscine, la construction d’un espace restauration de 180 m² avec un bar, une épicerie, une nouvelle cuisine, une terrasse faisant face à la nouvelle piscine ; mais aussi l’installation d’une salle polyvalente uniquement dédiée aux animations. Le tout dans un environnement piétonnier aménagé et paysagé. Que sera le camping de demain ? Ce mode de vacances plaira-t-il encore dans plusieurs dizaines d’années ? Y aura-t-il autant de changements que ce qui s’est passé dans les quatre-vingts dernières années ? Espérons en tout cas que la saga du Bel-Air continue encore longtemps.

Cette histoire n’aurait pu exister sans les témoignages de tous ceux qui ont vécu ce camping. Je tiens donc à remercier celles et ceux qui m’ont raconté leurs souvenirs. Je tiens aussi à présenter mes excuses aux nombreuses personnes que je n’ai pas pu interviewer par manque de temps. J’espère sincèrement qu’à travers ce livre chacun retrouvera les échos du camping qu’il connaît ou a connu.
Jean-François DAVID (Décembre 2015)

Comme vous l’avez compris, le livre a été édité à l’occasion du 80è anniversaire du Camping Bel Air de Pornichet en 2016. Retrouvez le en vente dans notre boutique souvenirs au tarif de 8€.

Fort de ses 84 ans d’histoire, le Camping Bel Air est plus qu’un lieu unique en bord de plage. C’est notre histoire familiale, vos histoires de vacances, ce que nous partageons depuis plus de 80 ans et que nous voulons faire perdurer. Un lieu de vie et de partage où nous collectionnons des souvenirs à vos côtés.

     

Quelques exemples d’histoires de vacances au Bel Air

À partir des années 60, l’accroissement du parc automobile s’accompagne d’un engouement pour les caravanes rigides ou pliantes. Du coup le camping se remplit d’une marée de caravanes, entassées les unes à côté des autres, sans délimitation de parcelle entre chaque occupant et installées dans l’anarchie la plus complète. On raconte qu’un caravanier qui avait fini son installation s’absenta pour aller faire ses courses et que, à son retour, il ne put accéder chez lui, car, entre-temps, une autre caravane s’était installée au ras de son auvent ! Les problèmes de voisinages se règlent entre vacanciers et peu de plaintes remontent jusqu’à l’accueil. S’il y avait des fauteurs de troubles, les campeurs les calmaient. L’entraide entre campeurs existait à un haut niveau, générant des relations très conviviales. Ces cohabitations rapprochées produisaient des groupes d’habitués dont beaucoup voulaient à tout prix se retrouver ensemble l’année suivante, et au même emplacement. Mais comme c’était une période où il n’y avait pas de réservation, cela créait des complications. Les témoins se souviennent qu’au matin du 1er juillet, bien avant l’ouverture, c’est une queue de caravanes et de voitures collées les unes aux autres qui commençait au niveau de l’accueil et continuait jusqu’au front de mer. Une véritable chenille automobile !

L’épicerie la plus proche, avec une devanture blanche et des volets bleus, se tenait presque en face de l’entrée actuelle, dans un local à garage, côté pair de l’avenue Villès-Chevissens. Elle s’appelait Le Petit Caporal. « On y trouvait de bons poulets rôtis . » Elle ne subsiste plus que dans la mémoire des anciens du camping. Cependant le garage existe toujours au numéro 6 de cette avenue. Un couple de Montjean-sur-Loire ouvrait pour les deux mois d’été une épicerie de dépannage dans une cabane en bois, côté sud du camping, sur l’avenue de Bonne-Source. Les anciens du camping parlent aussi dans le même secteur d’un bar, Chez Fanfan, « où ça bougeait le soir » !

Le cirque Durand, un petit cirque familial avec ménagerie, était basé à Donges où il tenait ses quartiers d’hiver. Au cours de l’été, ce cirque passait régulièrement donner des représentations au camping qui lui cédait un bout de terrain pour l’accueillir. Outre le spectacle, des tours de poneys étaient proposés pendant la journée. Jean-François David, le fils de Louis David, se souvient, il avait 7 ans. C’était au début des années 60. Un matin, le directeur du cirque arrive, tout affolé, et demande à son père un service tout à fait particulier : « Je suis très ennuyé, ma lionne a mis au monde un lionceau cette nuit. Mais elle est prête à le dévorer. Et nous partons en tournée aujourd’hui… Il faut faire quelque chose pour empêcher cela… Pouvez-vous nous garder le lionceau ? ». À partir de 1962, l’émission de télévision « Intervilles » fit connaître à la France les vachettes landaises. Profitant de ce succès télévisuel, un spectacle itinérant de courses de vachettes fit étape à proximité, dans un pré entre la plage et le bas du terrain de camping à une époque où il y avait peu d’immeubles construits .

M. Gilbert Martin est fidèle au Bel-Air depuis 1975 : « Avec Paulette, ma défunte épouse, nous avons très activement participé à la vie du camping. Depuis le début nous avons campé dans le même secteur, presque au même emplacement. À l’arrivée des mobil homes nous avons acheté celui qui était installé presque sur notre emplacement et j’y suis toujours. À l’époque, rien n’était organisé. L’idée nous est venue, avec les petits enfants, de fabriquer des costumes pour se déguiser, et des plâtres moulés pour les peindre, représentant, par exemple, des façades de maisons. Il faut dire que j’étais plâtrier. J’ai encore les moules chez moi, je préparais tout dans le camion de l’entreprise avant d’arriver au camping retrouver Paulette. J’ai même eu l’idée ensuite de faire des plâtres moulés dans les écoles, et ça plaisait beaucoup. Au camping, tout le monde participait à l’organisation. Nous avions peu de moyens, mais l’ambiance était là. Pour ce qui est des costumes, il y en avait pour tous les âges : enfants, parents, grands-parents, tout le monde se déguisait. Nous avons même défilé une fois, revêtus de nos déguisements, jusqu’au centre de Pornichet, il y avait un simple transistor pour la musique ce qui nous aidait à danser de façon synchronisée. Paulette avait apporté sa machine à coudre dans la caravane et chacun lui apportait son morceau d’étoffe pour faire le costume. À la fin des années 90, le camping a commencé à participer avec nous à la mise en place d’un podium de fortune. Hélas, tout s’est arrêté en 2003 avec le décès de Paulette. »

Et puis, pas de camping sans joueurs de boules. « Au début, notent M. et Mme Prodhomme, pour jouer à la pétanque, il fallait aller le long de la route sur les trottoirs car rien n’était aménagé. » Peu à peu des emplacements sont spécialement agencés, ce qui évite des conflits entre joueurs de boules et vacanciers gênés par cette animation. Les terrains de boules vibrent du début avril à la fin octobre au rythme quotidien des boules métalliques à la poursuite du cochonnet baladeur. Des apothéoses mouvementées, des ambiances quasiment provençales – hormis les cigales – émaillent les nombreux concours de pétanque.

« Pendant la saison, un petit camion à benne venait chaque matin du port de Saint-Nazaire, chargé d’un énorme bloc de glace de plusieurs mètres de longueur. Chacun venait avec une bassine et le chauffeur muni d’un pic et d’un marteau découpait des morceaux approximativement égaux. Il fallait faire la queue et attendre son tour », se souviennent les couples Provost et Bucheron, fidèles du camping depuis 1971. Vers 1976, finies les livraisons de glace. Grâce aux congélateurs, les cubes remplacent les pains de glace. Ce fut le premier « job d’été » de Jean-François David. Alors qu’il avait 16 ans, il fut désigné responsable de la vente des glaçons. Méthode plus hygiénique par rapport aux pains de glace qui voyageaient à l’air libre de l’usine au camping. Il y avait aussi le vendeur du journal Ouest-France qui passait chaque matin avec sa mobylette.

D’anciens vacanciers se souviennent que, vers la fin des années 70, il fallait accrocher une plaque métallique fournie par l’accueil pour montrer qu’ils étaient bien inscrits. Mais il était indispensable de les ramasser la nuit pour éviter de se les faire voler ! En 1978, apparition des douches d’eau chaude. Il y avait au total 6 douches pour les 2 500 résidents. La douche était chronométrée pour une durée de dix minutes. En fin d’après-midi, vers 17 heures, une file d’attente se constituait à l’accueil dans un climat bon enfant. Le service des douches d’eau chaude se terminait vers 19 h 30.

Dans les années 80, Claire David et François Lebihain, son compagnon, furent embauchés durant plusieurs saisons, de la mi-juin à la mi-septembre. François fut le premier placier dont l’objectif était de juguler l’anarchie qui régnait dans la mise en place des tentes et des caravanes. Les emplacements n’étaient pas marqués au sol. François devint rapidement maître dans l’art de placer les uns à côté des autres, sans poser de problèmes de voisinage. François Lebihain raconte : « Un matin nous vîmes arriver à l’accueil des dizaines de campeurs qui étaient venus déclarer le vol de leur linge, chaises pliantes, serviettes de bain, etc. Mais dans le même temps ils signalaient avoir trouvé sur leurs emplacements des choses qui ne leur appartenaient pas. En fait, au cours de la nuit, des petits plaisantins avaient changé de place linges et objets sur une quinzaine d’endroits, occasionnant une pagaille certaine. Il s’ensuivit une grande foire d’objets trouvés où chacun put retrouver son bien. Le tout dans une très bonne ambiance. »

Finalement, le temps passe et les anecdotes perdurent sur le même registre. Le Bel Air continue de marquer les esprits des clients et des saisonniers, et les souvenirs restent gravés dans les esprits. Finalement, le camping est inoubliable autant pour ceux qui passent leurs vacances que ceux qui y travaillent. Maintenant c’est plus structuré avec près de 50 salariés au service de l’organisation des vacances:
• Une équipe d’accueil (réception/institut)
• Une équipe d’animation
• Un service technique
• Un service de propreté
• Un service de sécurité
• Le service de restauration
• Et bien-sûr l’équipe du Club de Plage en juillet et août

Pourtant, ce sont ces petits moments de vie qui marquent les esprits et restent gravés, et malgré les changements de confort, les avancées techniques et la structuration des espaces, ce sont les choses simples qui perdurent.